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« L’Afrique doit saisir l’opportunité de la crise financière occidentale »

« L’Afrique doit saisir l’opportunité de la crise financière occidentale »

Les Afriques : Après Simat en 2007,

votre société s’apprête à inscrire

à la cote de NYSE Euronext, dans

quelques jours seulement, deux nouvelles

entreprises africaines. Le timing

ne charrie-t-il pas des risques ?

Samuel Maréchal : Bien au contraire,

c’est au moment où la crise occidentale

est la plus intense et que les investisseurs

ne savent plus où trouver leurs

plus-values futures que les entreprises

offrant des croissances exceptionnelles

doivent se présenter à eux. Depuis des

années, j’affirme que l’Afrique est le

poumon de l’économie mondialisée.

Les grands groupes occidentaux ne

s’y sont pas trompés, une grande partie

de leurs marges nettes provient de

leur présence sur les marchés africains.

Pourquoi cela n’irait-il pas dans le sens

inverse, ou du moins à double sens !

Les fonds internationaux financeraient

le développement des sociétés africaines

et auraient en retour une partie

des plus-values.

En Occident, les marchés financiers représentent

un passage obligatoire pour

recueillir des fonds importants afin de

financer son développement. La bourse

permet de toucher le plus grand nombre,

de démontrer sa bonne gouvernance, de

rassurer ses partenaires et de prospecter

plus compétitivement vers de nouveaux

clients. La bourse permet de rentrer dans

la cour des grands, c’est un outil à multiples

facettes.

LA : Pétro Ivoire et Money Express

étant respectivement de droits ivoirien

et sénégalais, pourquoi donc ne pas les

coter sur la Bourse régionale de valeurs

mobilières (BRVM) de l’Uemoa ?

SM : Nous y sommes par principe

favorables. Et j’espère, d’ailleurs, que

nous arriverons à une double cotation

entre le NYSE Euronext et la BRVM.

Mais comme je le précisais tantôt, la

crise économique occidentale représente

une opportunité historique pour

l’Afrique. C’est maintenant qu’il faut

se présenter sur les marchés financiers

occidentaux. Et pour ne rien vous cacher,

le traitement des dossiers d’admission

est aujourd’hui plus court sur

le NYSE Euronext que partout ailleurs.

Le monde est devenu tout petit. La

concurrence internationale y est féroce

et, le temps c’est de l’argent ! Si besoin,

je me tiens à la disposition des autorités

de tutelle de l’Uemoa, des ministres

concernés, des dirigeants du CREMPF

pour participer aux études facilitant

l’inscription sur la BRVM des entreprises

à fort potentiel.

LA : Ainsi, dans le contexte actuel de

perte de confiance en Occident, les

titres africains pourraient être des valeurs

refuges intéressantes sur les marchés

occidentaux ?

SM : Les Occidentaux ne connaissent pas

encore la dynamique qu’offre l’Afrique.

Les taux de croissance y sont très supérieurs

à ceux des pays occidentaux.

La méconnaissance des entrepreneurs

africains, la caricature de l’Afrique par

certains et la chasse gardée par d’autres

doivent être combattues. Stéphane

Eholié de la Simat, Sébastien Kadio-

Morokro de Pétro Ivoire et Meïssa Ngom

de Money Express sont des représentants

de l’Afrique qui entreprennent, qui appliquent

les règles de gouvernance et qui

offrent des perspectives exceptionnelles

de rentabilité et de plus-values sur un

socle solide.

LA : Alors…

SM : Alors si nous prenons l’emprunt

obligataire de 5 millions d’euros proposé

par Pétro Ivoire SA, cette opération

est extrêmement rentable et rare

aujourd’hui sur le marché européen.

Pétro Ivoire est la première entreprise

ivoirienne de distribution de produits

pétroliers et de gaz. La qualité de ses

dirigeants, son savoir-faire et son

mode de gestion et de gouvernance aux

normes internationales lui permettent

d’avoir obtenu de l’agence Bloomfield

la notation de BBB+ sur le long terme

et A3 sur le court terme. Le placement

de l’emprunt obligataire est très prometteur

du fait de sa rémunération de

5,50% annuelle, avec une prime

de non-conservation de 25%,

soit un taux actuariel sur huit

ans de 8,286%.

En ce qui concerne la société

Money Express, premier réseau

panafricain indépendant pour le

transfert d’argent et opérateur incontournable

présent dans plus de

50 pays, dont 24 en Afrique, l’opération

est à double détente. Elle

conforte ainsi son image à l’international

au moment de l’obtention

des accréditations auprès des

autorités européennes, et elle offre

25% de son capital pour associer

les fonds à sa conquête de marché.

LA : Et donc ?

SM : Je dirais donc que le challenger

africain prend sa place dans le monde.

Les faiblesses économiques de l’Europe

et des Etats-Unis, le protectionnisme de

l’Inde et de la Chine, le coût élevé de pénétration

du marché brésilien mettent en

exergue les atouts du continent africain.

L’Afrique connaît sa plus longue période

de croissance depuis 25 ans. Le taux de

retour sur investissement y est court et

les taux de croissance potentiellement

exceptionnels. Les entrepreneurs africains

apportent ainsi la démonstration

des opportunités offertes par ce marché.

LA : Cette tendance pourra-t-elle s’inscrire

dans la durée ? Peut-on, dans la

même logique, supposer que les places

financières africaines pourraient être

des destinations de choix pour les

investisseurs ?

SM : Je le pense, et notre cabinet apportera

sa petite pierre à l’édifice. Mais audelà,

où est la croissance pour l’Occident

? La révolution de l’économie verte

qui devait être celle du retour de la croissance

n’a point abouti pour le moment.

La Chine et l’Inde sont des pays très

protectionnistes, l’Amérique du Sud

est excessivement chère et l’Afrique est

riche de ses hommes, de ses cultures et

de sa terre. L’Afrique va voir sa population

doubler dans les trente prochaines

années pour devenir le continent le plus

peuplé du monde. Nous voyons émerger

une classe moyenne bien formée, à

fort potentiel de consommation. Plus

les bourses africaines accueilleront des

entreprises en grand nombre, plus des

investisseurs internationaux s’y intéresseront.

En effet, ils ont besoin de nombreuses

opportunités d’investissements

et de sérieuses liquidités. A ce jour, plusieurs

fonds d’Afrique du Sud, d’Australie

et anglo-saxons sont présents sur

les valeurs cotées à la BRVM, grâce au

travail des SGI et des différentes institutions

concernées. Ils pourraient être

beaucoup plus nombreux.

LA : Dans le domaine de spécialité qui

est le vôtre, quels impacts pensez-vous

que la crise en cours en Occident peut

avoir en Afrique ?

SM : Je dirais deux mauvais et deux bons.

Le premier impact négatif, c’est la diminution

prévisible des aides internationales

au développement pour le continent.

Le second, c’est l’arrivée des PME

et des groupes internationaux qui, si elle

n’est pas encadrée et si la concurrence locale

n’y est pas établie, vont être les seuls

à en profiter.

En termes d’impact positif, le premier,

c’est que l’Afrique va faire l’objet, en

Occident, d’une campagne favorisant

les investissements des particuliers sur

le même modèle connu au bénéfice

de la Chine au milieu des années 2000.

Le second étant la création de partenariats

entre les sociétés africaines et

occidentales.

Dans le cadre de l’accompagnement en

Afrique des groupes internationaux,

notre cabinet favorise la constitution de

joint-ventures, la transmission de savoir-

faire et la création d’unités de production

au niveau local sous le principe

gagnant-gagnant.

L’Afrique est au carrefour d’un choix

économique majeur, elle peut bénéficier

de l’argent des fonds internationaux qui

cherchent des plus-values si les sociétés

africaines se présentent sur les marchés

financiers.


Interview réalisée par

Louis S. Amédé, Abidjan